
Les technologies de l’Agriculture Intelligente face au Climat pour un triple gain au Niger :
Adaptation, Atténuation et Sécurité alimentaire
Chaque année, la période de soudure est un moment de grande vulnérabilité à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle pour les ménages les plus pauvres du Niger. Pour pallier la situation, le financement du Projet d’Appui à l’Agriculture Sensible aux Risques Climatiques (PASEC) pour la diffusion des technologies de l’Agriculture Intelligente face au climat (AIC) éprouvées au Niger, offre un triple impératif d’accroissement de la productivité, d’amélioration de la résilience au changement climatique et de réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES).
El Hadj Oumarou Garba, garde républicain à la retraite, est le promoteur de l’entreprise agricole « Bani Ma Doumi », une exploitation maraîchère s’étendant sur 9 hectares, située sur le territoire du département de Kollo à la périphérie de la ville de Niamey au Niger. Elhadj Oumarou Garba descend d’une longue lignée de maraîchers rôdés dans la production horticole familiale. Se promenant dans son havre de paix, il contemple avec satisfaction son champ désormais verdoyant en toute saison. L’année dernière encore, il dépendait exclusivement d’un lac semi permanent et de motopompes qui consomment d’énormes quantités d’énergie fossile pour l’arrosage de son verger de manguiers de 6 ha. Aujourd’hui, grâce à l’appui du PASEC, en plus de son verger, El Hadj Oumarou Garba a pu étendre ses activités agricoles sur 3 ha de cultures maraîchères : oignon, pomme de terre, tomate, piment vert, poivron, chou et surtout du Moringa.
Avec un tel changement, Elhadj Oumarou Garba est émerveillé par les prouesses des nouvelles pratiques d’AIC introduites par le PASEC. Avant l’intervention du PASEC, bien que possédant un dispositif d’irrigation goutte à goutte sur 3 hectares, l’exploitation était peu productive faute d’équipements et d’appui conseils adéquats.
Grâce au PASEC, « Bani Ma Doumi » a bénéficié de la réalisation de deux forages de 50 mètres de profondeur moyenne, équipés de pompes solaires de 4m3 /heure et 3m3 /heure reliées à un château d’eau et assurant 60 à 70m3/jour correspondant aux besoins journaliers en eau d’un hectare de maraichage. Ce dispositif est alimenté par un système de pompage immergé à énergie solaire de 12 panneaux permettant d’arroser les trois (3) hectares en seulement 3 jours de tour d’eau. Cet appui du PASEC est estimé à un coût total de 11 millions FCFA. « L’amélioration de mon système d’irrigation a totalement démultiplié ma production de Moringa. Cette année, j’ai récolté une moyenne de 120 sacs de 50 Kg chacun soit 6 tonnes de Moringa, ceci tous les 20 jours contre seulement 6 tonnes durant toute la saison pluvieuse ».
Bani ma Doumi a également bénéficié d’une compostière de 8m3 de capacité. « L’apport en compost se fait aussi bien sous irrigation qu’en saison des pluies afin d’optimiser la fertilité des sols et améliorer la productivité » explique Issa SAADOU, Responsable des Opérations Techniques du PASEC. Les économies réalisées sur les coûts de production, notamment les dépenses de carburant, d’entretien et de réparation en ce qui concerne l’irrigation par motopompes, ont également permis à El Hadj Oumarou Garba d’être plus que jamais compétitifs sur le marché. « Le sac des feuilles de moringa frais de 50 Kg est cédé sur le site à 4000 FCFA en saison sèche et 2000 FCFA en saison pluvieuse soit 2 fois moins cher sur le marché. En période du jeûne de ramadan où la demande en moringa est très forte, le sac est vendu trois fois plus cher. Ainsi, en toute saison les groupements féminins en tirent une marge de bénéfice très importante à leur tour sur le marché » explique le promoteur de Bani Ma Doumi.
A travers le financement de Bani Ma Doumi, l’objectif du PASEC est de favoriser l’application à grande échelle des techniques et technologies axées sur l’Agriculture Intelligente face aux Climat (AIC) en facilitant l’accès des Micro et Petites Entreprises rurales à des services et produits financiers au niveau communal. « Il s’agit d’en faire des sites de démonstration des technologies résistantes en apportant des réponses en termes de disponibilité de l’eau et l’utilisation de l’énergie renouvelable pour le captage, l’exhaure de l’eau et sa distribution à travers le réseau goutte à goutte et l’amélioration de la productivité à travers le choix des cultures à haut rendement et la génération de revenus aux groupements féminins leur permettant d’améliorer la nutrition, l’éducation de leurs enfants et leurs conditions socio-économiques » explique BOLA Moussa, Coordonnateur National du PASEC.
Et ce n’est pas la cinquantaine de membres du groupement féminin de Gorou Kaïna qui dira le contraire. « Avant la réalisation des forages et la mise en place du système d’irrigation solaire, nous ne pouvons récolter le Moringa qu’en saison pluvieuse mais aujourd’hui le champ est verdoyant toute l’année nous permettant de nous approvisionner en tout temps. Il n’y a plus de rupture de production car pendant que l’on récolte une partie du champ l’autre partie se régénère. Ce qui nous permet de participer aux dépenses de nos ménages notamment la scolarisation de nos filles, les soins de santé des membres de la famille » affirme Mme Biba BANA, présidente du GIE des femmes maraichères de Gorou Kaïna dans la Commune de Kollo avant d’ajouter que le Moringa représente un complément nutritionnel particulièrement recommandé pour les enfants, les personnes âgées, les diabétiques, les hypertendus et les femmes enceintes.